Démarche du jardin de Pérélandra présenté par François Deporte


PERELANDRA
Œuvrer avec la nature

Notre époque est révolutionnaire. Au sens propre. Tout tourne, tout bascule. Sensation de vertige et de chaos. Ce que nous pensions acquis se délite. Nos repères disparaissent. Nos croyances aussi et notre regard sur ce que nous sommes dans cette réalité se transforme.

Dans ce tumulte ressenti avec force par bon nombre d’entre nous, la demande omniprésente est celle du sens. Vers quelle logique, vers quelle intelligence se tourner ? La technologie, le progrès matériel, la prospérité économique, l’ordre social, la hiérarchie financière, la conscience religieuse, l’écologie, l’éducation, tels que définis à ce jour ne répondent plus à nos besoins de cohérence. On aimerait essayer d’y croire mais, las, chaque édifice semble être fait de sable et montre cruellement ses limites.

Il y a pourtant des gens sur cette terre qui ont mis leur foi en la vie dans des chemins personnels, chemins forcément aventureux et souvent solitaires mais explorants et révélateurs, des pionniers. C’est le cas de cette américaine très contemporaine, Machaelle Small Wright. Elle vit en Virginie, où se situe son jardin connu sous le nom de Perelandra, depuis le milieu des années 70. Elle y explore la relation avec les intelligences de la nature.

Ce fut son désir. Ce qu’elle vit est original, mais non totalement neuf. D’autres l’ont vécu. Il n’y a qu’à lire les ouvrages de Peter Tompkins et Christopher Bird (très difficiles à trouver en français malheureusement), les textes sur Findhorn, l’aventure de Michael Roads, Castanéda, les grands textes spirituels indiens et toutes nos traditions culturelles mythologiques (les légendes de la Grèce antique, les classiques latins…) Rudolph Steiner, Goethe…(et je dois en oublier plein, pardon à tous ceux que je ne connais pas) pour se rendre compte que nous baignons sans le savoir dans cette « magie » et que nous l’utilisons en pleine innocence inconsciente sous de multiples aspects.

Ce que Machaelle Small Wright a apporté, c’est une structure, un mode opératoire. Cette femme a, dès ses débuts, pris en note tout ce qu’elle vivait. Quand elle a commencé à recevoir des informations, elle a voulu pour sa propre éducation à cette dimension enregistrer tout ce qui alimentait son quotidien dans cette relation. Il en ressort une technique applicable par qui sait lire et aurait envie d’en explorer le chemin.

Le principe est attaché à la compréhension de quelques termes :

  • L’humanité – chacun d’entre nous – nourrit par ses propres désirs, intentions, buts objectifs, envies, le mouvement évolutif de la réalité dans laquelle elle s’inscrit. Toutes nos « prières » sont entendues. Imaginons, essayons d’imaginer, la puissance de l’intelligence capable d’entendre toutes nos intentions, grandes et petites, et d’y répondre…
  • La nature, au-delà de ses manifestations physiques que sont l’eau, la terre, l’air, les arbres etc., est un immense groupe de conscience dans l’univers qui s’occupe de tout ce qui est forme, c’est-à-dire tout ce qui est doté d’ordre, d’organisation et d’énergie vitale. Un potager est une forme, tout comme un ordinateur, une fourchette, un mot, une émotion, une famille. La nature est une intelligence qui rend possible la forme. C’est elle qui en dessine la structure, le schéma d’organisation en tenant compte de toutes les composantes de la demande et qui fournit les éléments de réponse. Toute forme est dotée d’intelligence parce que toute forme est l’expression d’une intelligence. Ce qui permet de communiquer avec cette intelligence à propos de la forme.
  • Un « jardin », aux yeux de la nature, est une réalité qui répond exclusivement et exactement au désir d’un humain, à sa capacité à s’en occuper et c’est la nature qui apporte tous les éléments de réalisation de ce « jardin ». Le jardin n’existe que si un humain en a fait la demande et la nature répond exactement à cet appel à travers la forme. Un « jardin », c’est un espace dont les éléments viennent tous de la nature (on n’y échappe pas, on n’invente pas de substance qui ne puisse venir de la nature, même si le résultat n’est pas écologiquement acceptable) et dont l’agencement correspond à notre demande. La nature ne crée pas de jardins, nous demandons à ce que des « jardins » existent pour répondre à nos désirs.
    La réalité a mis en équilibre une incroyable globalité, complexe, infiniment riche et diverse où se côtoient chaos et harmonie, et nous explorons tous les possibles par notre imaginaire (nous créons tous les jardins que nous voulons voir naître, nous explorons la réalité, la capacité de création) ce qui provoque l’émergence de nouveaux agencements qui s’inscrivent dans la manifestation en place avec plus ou moins de facilité pour nous.
  • L’équilibre : le principe même de la nature est l’équilibre. Tout ce qu’elle fournit comme éléments de réponse à la demande de réalisation est basé sur l’adéquation à la demande pour qu’il y ait équilibre, force et stabilité dans le « jardin » devenant réalité et dans sa relation à l’environnement le plus large. Et ce sans jugement de valeur. La nature ne juge pas la qualité de la demande, elle répond à la demande. Ceci dit, elle est la forme et son équilibre. Elle perçoit ce en quoi une nouvelle forme est source d’harmonie ou non. Elle sait si le jardin à venir s’inscrit dans le mouvement et améliore l’état d’équilibre ou le perturbe. Ce n’est pas seulement une notion de forme matérielle, c’est aussi une notion de temps (le timing), d’intention en tant qu’énergie émotionnelle, mentale, spirituelle (des dimensions concrètes que la nature intègre dans son processus de mise en forme).
    Le temps est une dimension extrêmement importante : ce qui peut trouver sa juste place à un moment donné peut provoquer des désordres si le désir est exigé par l’intention de l’humain en un temps plus court.
  • Le partenariat entre la nature et l’humain est basé sur l’équilibre entre élan créateur et puissance de réalisation. Partenariat signifie compréhension des rôles pour que chaque protagoniste puisse assumer sa part. Nous fournissons l’énergie d’impulsion, la nature nous donne les moyens correspondants. 

La nature exprime clairement la nécessité dans laquelle se trouve la réalité que nous, les humains, assumions notre rôle et que nous prenions conscience de notre impact sur elle. Nous sommes devenus très nombreux sur Terre. Ce ne serait pas bien grave si nous avions développé en nous sagesse et conscience. Mais voilà, nous avons voulu, souhaité, tout ce que nous vivons et nous sommes exaucés, en agréable comme en abominable. Nos technologies peuvent rendre possibles bien des choses sympathiques mais aussi être notre ruine et notre destruction. Sans parler de nos rêves humains de puissance, de pouvoir, de nos frustrations, nos peurs et nos colères, de nos intentions de destructions comme nos aspirations à faire bouger le monde avec des tonalités pour le moins contradictoires. Nous continuons à fonctionner comme si nous étions des enfants gâtés par une réalité dont le seul but serait de satisfaire des visions égocentriques. Sept milliards d’intentions divergentes à chaque instant qui se chevauchent, changent et brouillent le signal de notre humanité.

Notre conscience s’est rétrécie pour ne garder que la satisfaction de nos besoins, où ce que nous considérons comme tel. En nous séparant de la globalité, nous créons un risque de rupture que la nature ne peut rattraper toute seule parce que notre énergie créatrice désorientée rend de moins en moins compatibles les différents besoins d’équilibre. En fait, nous ne fonctionnons pas dans une vision d’équilibre, nous fonctionnons encore dans une dynamique de domination et de dominés. Je sais, cela bouge, cela craque un peu partout, de plus en plus de gens sur tous les plans aspirent à une autre expression de l’humanité, mais les freins restent nombreux et le moment n’en est que plus délicat.

Percevoir le partenariat avec la nature, c’est aussi le vivre entre humains, tant au niveau de l’individu que des groupes et nations. Etre partenaire, c’est reconnaître l’autre dans sa différence et mettre en commun une vision où chacun participe individuellement et globalement. C’est surtout quitter la notion de dominant-dominé qui a prévalu depuis si longtemps et a structuré nos sociétés. Ce n’est pas simple entre nous, mais l’envisager dans notre relation avec la nature demande un petit effort supplémentaire.

Avons-nous le choix ? Oui, toujours. On choisit toujours. Mais les conséquences sont nôtres. Pas comme une punition. Mais comme l’enchaînement logique des choix que nous opérons. A nous de modifier notre regard et nos intentions. D’où œuvre de conscience.

Le point important est que toutes nos demandes sont entendues. Une amie me disait il y a peu à propos de son projet professionnel : « J’ai très envie de m’engager dans une démarche d’enseignement sur l’agriculture bio, j’ai envie de transmettre avec un potentiel d’insertion de travailleurs handicapés, je souhaite que les gens qui viendront sentent leur capacité à l’autonomie, mais tu comprends avec ce qu’il se passe en ce moment, ça me paraît difficile, les conditions ne sont pas propices ! ». Comprenez bien que l’univers entend le « ce n’est pas possible maintenant », comme s’il y avait un élan que l’on sabordait instantanément. Donc, il ne peut pas se passer quelque chose à moins de modifier notre demande en installant la confiance. Nos émotions sont nos alliées pour le ressenti et nos ennemies pour les blocages qu’elles engendrent.

Les réponses de l’univers sont incroyablement originales. Si nous voulons atteindre un objectif, reconnaissons que nous ne sommes pas maîtres des moyens qui sont l’œuvre de la nature. La réponse (ou les réponses) sera émise en rapport avec la demande à travers l’expression du besoin d’équilibre de la nature. A y regarder de près, même si cela semblera curieux, nous saurons découvrir la justesse de la réponse qui n’aura peut-être pas l’allure de ce à quoi on pouvait s’attendre. C’est à cette justesse qu’il convient de prêter attention et alors, nous pouvons utiliser les outils qui nous sont offerts. Cela revient à dire que notre ouverture intérieure et notre attention sont des atouts majeurs. Puis vient le moment où nous utilisons ces informations et outils pour concrétiser. C’est la confiance et la foi.

Machaelle Small Wright nous donne, dans la continuité de ses prédécesseurs, des modes opératoires pour communiquer avec la nature et faire aboutir ce à quoi nous prétendons. Vous me direz qu’on le fait tous les jours. Vrai. Mais la petite différence, c’est qu’en connaissant mieux les règles du jeu, on devient plus attentif, responsable, cohérent.

 François Deporte


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Dernières vidéos

Derniers articles

Histoire de Machaelle Sall Wright présentée par François Deporte

13 Juin 2024

Nombreux sont ceux qui parmi vous connaissent les Fleurs de Bach, vous savez sans doute ce que Findhorn veut dire, vous savez qu’il est possible d’ouvrir sa...

Comment se créé une cuirasse ?

13 Juin 2024

« Au début, il y a ce que nous ressentons et notre perception du monde qui se confronte. »
À tous moments de notre vie, dès notre plus jeune âge et même dès la vie intra-utérine, nous vivons des ...

Quels sont les différents types de cuirasses ?

13 Juin 2024

Marie Lise Labonté a identifié d’autres cuirasses : 4 cuirasses de base et 4 cuirasses d’identification qui se superposent sur les cuirasses de Reich. Son observation et sa lecture du corps tout au...

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo   |   Site partenaire de Annuaire Thérapeutes

Connexion